atelier d' ecriture
RATTRAPAGE TRANSMUTATOIRE
Dans sa grande magnanimité, Olivier de Vaux, comme je n'arrivais pas à atteindre la cheville, m'a suggéré d'aller de la main au pied (comme si c'était plus facile. Je l'imagine, raide comme un bâton, atteignant d'abord la cuisse, puis péniblement le mollet). Bref, j'ai presque réussi. Presque, parce que atteindre le pied, facile! mais en 5 étapes, non, il m'en a fallu 6. Puisque c'est comme ça, je vais faire la remontée (attention aux lombaires):
Il chante comme un pied!
Il veut apprendre un lied
Devrait briser ce lien
Et ferait mieux de brâmer "le lion
Est mort ce soir", ce pauvre pion
Qui se pavane comme un paon.
Je me retiens pour ne pas lui mettre un pain
Du revers de la main.
PONCTUATION
Amis Croqueurs, j'ai perdu le fil des défis, ma souris aime les trous entre les mots, tout ça devient très compliqué et j'aime les trous entre les connexions...
Si on pouvait mettre ses doutes en parenthèses
Sans excès de virgules car c’est un peu facile,
Avoir la force tranquille d’un seul point à la ligne
Et ne pas se cacher derrière les guillemets.
Rire avec d’évasifs points de suspensions :
Le point d’exclamation est tombé sur la tête
Etonnant le souple point d'interrogation!
Reste mon préféré, je le trouve subtil
Avec son poids de sens : élégant point virgule.
LA PEAU
Où il devait être question de peau...
Ah ! Sentir sous ses doigts
La peau fragile du nouveau-né
Ou se blottir, que d’émois,
Contre la peau de l’être aimé.
On peut la pincer sans gémir
Pour y faire une piqûre
Ou en faire jaillir
Une écharde - peau dure !
De desquamations sèches
A la peau de requin,
Du toucher peau de pêche
A la peau de chagrin.
Ah ! Pouvoir faire peau neuve
Avant que par la peau du cou
L’Ankou me prenne : « Crève »
Ma vieille peau est au trou.
ETRE UNE OEUVRE...
Vous êtes une Oeuvre
en cours d'[écriture].. de fabrication..
racontez à Tricotine vos états d'âmes
Elle m’a pris dans ses mains. M’a caressé sensuellement, petit bout, gros bout et aussitôt m’a heurté violemment – elle est sadique ou quoi ? Je me suis cassé. Alors elle m’a discriminé ! Blanc d’un côté, jaune de l’autre.
C’est quoi être œuf ?
Avec le jaune elle a pratiqué l’intégration : le métissage tous azimuts, ça marche.
Au contraire avec le blanc : elle le bichonne, le bat, le fait mousser – surtout pas de corps étranger.
Et puis vient le grand art dont pourrait s’inspirer le politique : elle incorpore la masse métissée du jaune avec le blanc de race pure. C’est délicat, ça se fait en douceur, en légèreté, elle aère le mélange. Et puis ce que je suis devenu est au four. Je est un autre. Je la vois qui lorgne à travers le hublot. Patiente ! N’ouvre pas trop vite la porte, comme une moderne outre des vents qui lâcherait trop vite la police sur le sans-papiers, patiente ! Tu vas tout faire rater.
C’est quoi être soufflé ?
TRANSMUTATION
Olivier de Vaux nous propose de nous faire les dents sur la transmutation suivante : partez de l'AMOUR pour arriver à la FOLIE. Vous avez 3 jours pour rendre votre copie, je publierai vos transmutations vendredi vers 20 h 00. Comme d'habitude j'active le contrôle des commentaires, ne publiant avant cette échéance que ceux qui ne contiennent pas de transmutation.
J'ai failli, cher Olivier, jeter l'éponge, et, au dernier moment, dans l'urgence, m'est venue une piste. Je ne suis pas sûre d'avoir bien suivi la règle, et mes neurones ont chauffé dur:
Fêter l'amour
Ou les amours
S'étant vêtue de ses atours
Pour éblouir, faire trente-six tours
Et faire passer les petits fours
Eviter que ce soit un four.
Plus d'un fou
Y accorde foi
D'autres en font une crise de foie -
Bref, amour rime avec folie.
VOIE LACTEE
Choisir un astre, soleil, lune, planète, étoile, comète, etc... en s'interdisant d'en écrire le mot (peut uniquement apparaitre dans le titre), lui adresser un voeux, un souhait, une prière.
Poème en vers ou en prose, Forme libre, texte libre, chez les Croqueurs de Mots
" Et le ciel étoilé au dessus de nos
têtes" Cette citation d'Emmanuel Kant m'a inspiré ce texte:
Au ciel des nuits d'été la Voie Lactée m'invite.
La Voie Lactée m'invite à suivre son chemin,
A suivre son chemin sur les Dits du Conteur,
Sur les Dits du Conteur, lui par qui tout arrive.
Lui par qui tout arrive: Les fables des dieux grecs,
Les fables des dieux grecs et les mythologies.
Et les mythologies - on flétrit leur richesse.
On flétrit leur richesse en les donnant pour vraies.
En les donnant pour vraies, alors on dit le Verbe;
Alors on dit le Verbe et on invente un dieu.
Et on invente un dieu qui pervertit tout sens,
Qui pervertit tout sens alors qu'il suffirait,
Alors qu'il suffirait, par une nuit d'été,
Par une nuit d'été, allongés sur le dos,
Allongés sur le dos d'accueillir librement,
Accueillir librement, quiétude bienveillante,
Quiétude bienveillante, l'écharpe d'univers.
Echarpe d' univers: Discrète Voie Lactée.
AUTRE PHARE
En hommage à Jeanne Fadosi et sa chanson des gardiens de phare, j'ai retrouvé ce texte où j'avais entremêlé deux thèmes qui étaient proposés sur le forum des "papous dans la tête" :
- Le gardien de phare et la pleine lune
- L'ascenseur et l'échelle de corde
Un pauvre gardien de phare
Meublait ses insomnies
En faisant un filet
Noué au macramé.
Par les nuits de pleine lune,
Lorsqu'il faisait nuit noire,
Même par temps de brume,
Par cette échelle de corde
Il essayait en vain
D'attraper l'astre éteint.
Moralité:
Pour décrocher la lune
Prenez donc l'ascenceur.
ARC EN CIEL
" Vacances sous l'ARC-EN-CIEL "
récit sous la forme de votre choix , seul impératif : utiliser
toutes les couleurs de l'arc-en-ciel dans le texte ;
on utilisera L'arc-en-ciel , selon Isaac Newton ,
à savoir , telles les 7 notes de la gamme ,
les 7 couleurs suivantes :
rouge , orange , jaune ,vert , bleu , indigo , violet .
« REVERIES EN VACUITE »
Rubis rutilant, le soleil apparaît, rouge
Naissant à l’horizon. Puis il devient orange
Et s’élève, très jaune, éclat insoutenable.
Le soir aux antipodes, d' un dernier rayon vert,
Le soleil s’engloutit dans tout le bleu du monde
Où le peintre attentif a mis de l’indigo.
C’est la nuit violette où vibrent les étoiles ;
C’est le violet profond qui chante chez Matisse
Et le sombre indigo du pinceau de Gauguin -
Plus frais le bleu léger des ciels d’Angelico
Pour s’évader à Delft voir le pan de mur jaune,
L’œil saturé d’orange. La rime du poète
S’accordera au rouge d’un coquelicot : Monet.
(Un arc en ciel est toujours accompagné de son double plus discret, aux couleurs inversées. J’ai appris cela en lisant le « Dictionnaire amoureux du ciel et des étoiles » de Trinh Xuan Thuan)
FAITS DIVERS
Amis Croqueurs, j'appréhendais d'avoir à tenir la poignée de l'aviron de godille pour ce défi. Or, quel régal de lire vos textes, aussi riches, variés, talentueux!
Voici donc ma petite contribution avant de passer le manche au prochain capitaine de l'arche "Croqueur de mots" .
Plage des Vergnes. Hier matin.
Pendant la séance de voile scolaire, les enfants ont cru voir un dauphin. En s’approchant, ils s’aperçurent que c’était bel et bien la tête d’un sanglier qui sortait de l’eau. Leurs cris effrayés alertèrent une vieille dame qui se saisit d’un lourd chandelier, s’apprêtant, au péril de sa vie, à assommer la bête pour sauver les enfants.
Les pompiers dépêchés sur place ne purent que constater les faits : le sanglier s’était enfui dans le bois.
[Le sujet de ce défi m’a été inspiré par deux faits divers sans lien aucun, ni de temps, ni de lieu :1) un sanglier qui aurait semble-t-il traversé la Gironde à la nage. 2) Dans une maison de retraite, une vieille dame en a assommé une autre avec un chandelier] D'autre part un dauphin a hanté la plage tout un été, à la grande joie des baigneurs et au grand dam des autorités.
Vous avez- lu jusqu’au bout ? Vous avez droit à un bonus, sous forme de fable :
Une vieille dame – levée de bonne heure
Avait pris pour canne, par erreur
Son chandelier sur la cheminée
Pour aller sur la plage pêcher.
Là les enfants poussaient des cris,
Réfugiés dans des bateaux gris,
Car un sanglier tout trempé,
Sorti de l’eau, les approchait.
Courageusement la vieille dame
Avec son chandelier l’assomme.
Moralité :
Mieux vaut d'une chandelle la lumière
Qu’installer des panneaux solaires.
LA PETITE OURSONNE VERTE
N'ayant matériellement pas le temps d'écrire un nouveau conte, je ressors pour ce défi cette suite à "Boucle d'or" que j'avais écrite en dédicace à Sanschichis
La petite oursonne verte.
Vous souvenez vous de Boucle d’Or qui, effrayée à son réveil, s’était sauvée de la maison des trois ours ? Cependant ceux-ci ne lui voulaient pas de mal. Chez les ours les étrangers sont bienvenus. Ils auraient voulu la retrouver et l’inviter à boire un bon chocolat au miel, plutôt que de la soupe. Ils auraient voulu lui offrir quelque chose pour qu’elle oublie sa peur.
Mais quel cadeau ? Que savent les ours d’une petite fille ? Cependant ils se mirent en quête par les chemins de la forêt au cœur de laquelle ils avaient fait leur maison.
Au détour d’un sentier, le petit ours découvrit, accrochée à une ronce, une peluche rose. Elle avait été tellement cajolée et suçotée qu’il lui manquait une oreille. – « Le doudou de Boucle d’Or ! Elle l’a perdu lorsqu’elle s’est enfuie ! » s’écria le petit ours. Il faudrait lui en offrir un autre. C’était le meilleur cadeau qu’ils puissent faire. Mais quelle idée de doudou pouvaient avoir des ours ? Une pomme de pin ? Un rayon de miel ?
Dans les forêts les premiers jours de l’hiver, si courts, sont propices aux mystères, et les sombres nuits plus encore. Trottant, pleins d’ardeur, sur les chemins du rêve, ils découvrirent le plus ravissant sapin qu’on puisse imaginer : petit, touffu, gai et frisé. Ils s’assirent devant lui sur leur derrière et fermèrent les yeux.
Et là, de toute leur petite âme, ils imaginèrent ; et leurs imaginations se croisaient, se quittaient, s’enroulaient, se tricotaient jusqu’à former une tresse si forte que lorsqu’ils ouvrirent les yeux, ils virent que le sapin était devenu une ravissante petite oursonne de peluche verte.
Sans un bruit, ils la cueillirent ; sans un bruit, ils allèrent la déposer devant la maison de Boucle d’Or. Sans un bruit, ils retournèrent se coucher. Le grand ours dans son grand lit, le moyen ours dans son moyen lit, et le petit ours dans son petit lit.
Ah ! C’était la nuit de Noël…