LE TEMPS
Parfois il se déploie,
S’élargit et s’étale ;
Il miroite et chatoie
- aurore boréale ?
Souvent tout étriqué
Il me serre le cœur :
Le temps est attaché
A mes humeurs.
AOUTATS
Les aoûtats repus terrassés par le froid
Ont déserté enfin les herbes du jardin :
Les premières fraîcheurs ont eu raison, je crois
Des hôtes invisibles qui me piquaient sans fin.
Moins de prurits putrides – il reste les moustiques.
J'espère que les poissons, dans la réserve d'eau,
Dévoreront les larves de ces bêtes iniques
Et que pour quelque temps encore il fera beau.
DITIQUES DU " REVE DANS LE PAVILLON ROUGE"
Voici pour ce Jeudi deux ditiques tirés du roman classique chinois "Le rêve dans le pavillon rouge", dans lequel il y a beaucoup de poésies, et un luxe de descriptions minutieuses avec un nombre incalculable (mais peut-être étudié et calculé par quelque chercheur) d'adjectifs et d'expressions pour exprimer des nuances de couleur.
Regrets de printemps, tristesse d'automne, elles-mêmes les ont cherchés;
Figures de fleurs, visages de lune, pour qui donc fleurit leur beauté?
~
Le jus des gemmes déborde des cupules de verre,
Et les sucs de jade épaissit au creux des tasses d'ambre.
OCTOBRE 6
Tonte d’automne dans l’archipel,
Merci au dieu des petits riens
Qui fait démarrer bel et bien
La tondeuse d’un seul coup de ficelle.
L'INSTANT JUSTE AVANT
L'INSTANT JUSTE AVANT, thème proposé par Harmonie37
L'instant juste avant que je le rencontre
Il n'y avait pas encore ce big-bang
Qui allait tout faire exploser: le sceau
De ma pudeur et ma timidité.
FIN DE NUIT
Dans le froid sombre du matin
La faucille dorée des druides
Etait à saisir à deux mains
Pour couper net le vent, fluide
Glacé : Lune rousse à son déclin,
Tôt dissoute dans le ciel limpide.
OCTOBRE 5
Des oiseaux, zig,
Des oiseaux, zag,
Piaillent,
Feuilles molles tombant parmi.
Un cheval ailé de crins.
Des veaux nouveau-nés
Dorment.
OCTOBRE 4
Vigne-vierge embrasée
Pour duo de grenouilles,
Derniers beaux jours ?
OCTOBRE 3
Je ne louvoie plus guère
Dans le fond du jardin :
Trop d’aoûtats me font la guerre.
OCTOBRE 2
Eté indien
Le chemisier flottant absorbe la chaleur
Pendant qu’un vent du sud
Un peu frais s’y engouffre voluptueusement.