MELODIE DE HAUT VOL
Quelle fantasque mélodie exaltée
Dessine dans le ciel
Ce grand vol d’étourneaux?
Ballet étrange et souple,
Un concerto d’oiseaux
Pour deux yeux fascinés.
DERNIER MARS
Les feuilles d’iris d’eau
Dardent leurs épées
Fières; molles.
Vol maladroit d’une coccinelle.
Qui manie
La télécommande ?
semaine de la langue française
Parisianne nous propose d'y participer. Voici mon texte aux 10 mots, puis un acrostiche sur COMPLICE.
C’était un chœur vraiment sympa. Outre le plaisir que tous avaient à chanter ensemble, ils se retrouvaient chaque mois pour des agapes fraternelles. Tout avait commencé avec quatre complices qui s’étaient rencontrés par hasard, à l’assaut du mont Blanc, dans la même cordée. Pour conjurer la peur, ils s’étaient mis à chanter avec entrain, et si harmonieusement que le guide, à l’arrivée, les avait remerciés en serrant la main de chacun. Dans l’accueillant refuge où ils avaient passé la nuit, ils avaient décidé de se revoir à Paris, et de réseauter pour trouver des chanteurs. C’est ainsi qu’à force de coups de fil, ils avaient réussi à monter une chorale.
Conjuguer l’amitié :
Oser est plus facile.
Marcher main dans la main
Pour avoir du courage.
Lâcher son inquiétude
Ici et maintenant.
Cheminer de conserve,
Être toujours complices.
MARS 2011 3
D'une seule petite promenade autour de chez moi.
Quelle peur, quelle angoisse étreint la nature
Pour que tout s’emballe au sortir de l’hiver –
Vivre encore, et conjurer la mort ?
Premières fleurs, vieux bois noir :
Tombe fleurie pour saison morte.
Marais.
Sur fond vert, les prunelliers pavoisent au ras du sol.
Floraison blanc modeste sous ciel immense.
Fleurs d’arbres.
Vertes et si discrètes.
Pour paraître bourgeons ?
L’une claquant du bec
L’autre battant des ailes : sur le nid
Accouplement de cigognes.
Etonné, le chevreuil.
M’a longuement dévisagée
Et fuit en aboyant.
LORSQUE JE SUIS
Sur le thème proposé par Catiechris,
j'ose un poème intime et ancien.
Lorsque je suis sur toi
Je suis l’espace infini,
Je suis l’univers riche d’étoiles
Et tu es la fusée en quête d’inconnu,
De feu d’artifice sidéral.
Tu es le pivot du monde,
L’axe de mon compas affolé.
Lorsque tu es sur moi
Je suis la mer obscure,
Tiède et profonde
Et tu es le poisson,
Congre affamé cherchant sa nourriture,
Fouissant d’un museau rond
Mes étiers abyssaux.
MARS OU VENUS ?
Pour le défi de Catiechris, une lettre d’amour inter-cosmique entre Mars et Vénus.
De Mars les hommes seraient venus ! Mais je ne savais pas ! Mars, ses oiseaux, ses fleurettes, et son printemps ! Et bien il n’y a qu’à prendre au hasard : On est sûre de tomber sur un rimailleur hippie ! Quel bonheur !
Cette lettre est donc adressée au premier venu.
Ô toi, mon myrmidon, mon aède phrygien,
Je suis ton amazon (.com), ô, viens
Avec ta lyre, me susurrer gaiement
Qu’avec toi nulle colère ne crispera ta face
Plus fleurie que poilue.
Ta voix s’élèvera pour une grande élégie
Chantant tout ton amour pour mon modeste cœur.
Mais moi, saisie d’angoisse, je m’interroge en vain :
D’où sommes- nous, ô sœurs, Venues ?
Pas de mois sous ce nom, de planète pas plus
A moins de faute d’orthographe ?
Nous serions donc issues d’une erreur syntaxique ?
Mais alors tout s’explique :
Et nos incohérences, et nos frivolités.
Que dira mon poète
Si je truffe mon texte de fautes ignorées ?
Aragon, Mallarmé, Ovide, Urfé, Rimbaud
De Mars êtes-vous bien Venus ?
CLAIR DE LUNE
A la troisième pansélène
J’ai vu rose dans le ciel gris-bleu
Séléné se lever, insolente évidence.
J’ai vu son œil rond de cyclope
Se recouvrir d’un voile de deuil,
Et puis se dévoiler
Pour nous fixer
De son regard impitoyable.
MEDITATION 8
Mise à nu.
Effeuillage radical.
Jusqu’à l’épure.
JEAN-PIERRE LUMINET
Catiechris nous envoie dans les étoiles? Jean-Pierre Luminet, astrophysicien et poète, s'impose!
Ciel nocturne
peuple d'étincelles
ta nuit est une mer sans rivages dont les jours
sont des îles.
Il y a des portions de firmament
vides d'étoiles et d'un noir absolu
Certains y voient de simples déchirures
entre les amas stellaires
D'autres navigateurs prétendent que ces
masses d'ombre frappent d'aveuglement ceux
Qui les regardent
Et cet autre:
Quand la lumière se matérialise en fleurs
blanches sur les buissons
elle paraît douloureuse seulement aux yeux
de chair
Et le regard intérieur est pénétration
lumineuse
"Itinéraire céleste" le cherche midi
SI JE CROYAIS
Si je croyais en un seul dieu,
Je penserais qu’il joue aux dés
Observant, narquois, à la loupe,
Notre fourmilière affolée.
J’aimerais bien croire en plusieurs,
Les gentils tançant les méchants,
Le sourire de la pâquerette
Faisant honte au monstre nippon.
Le génie de la non-violence
Retenant les pulsions barbares.
Mais je suis une mécréante
Comme une membrane tendue
Je vibre à la moindre impulsion.
Aux émotions fort ressenties -
Quelle étrange gemellité –
Résiste l’intime quiétude.