MELANCOLIE VARIATION 4
Sombres émulsions
D'émotions.
Velours poignant d'un pessimisme
Frangé de rires.
Ombres inquiétantes et légères
Comme celles d'une éclipse.
REGARD DE SEPTEMBRE
Une falaise ocre creusée d’ombres.
Au dessus, des pins, parasol et maritimes.
Des chênes verts.
Au pli avec la plage de grands platanes.
A peine roux.
Il n’y a pas d’oiseaux de mer,
Des enfants piaillent.
Une petite vague brise élégamment
Laissant quelques remous.
Sable et mica.
DANS LE TEMPS
Dans le temps déplié
La faucille de lune
Moissonne les comètes.
Dans le repli du temps
Quelque chose qui veille;
Un lien qui tout retient.
Dans le temps chiffonné
L'effroi éparpillé,
Quelque chose qui veille
Et qui moissonne en moi
La queue de la comète.
LE 22 SEPTEMBRE
Le 22 Septembre, vois-tu, Moog, c’est trop tôt.
C’est trop tôt, je l’espère, pour mettre soigneusement
Des papiers chiffonnés, et dessus des brindilles,
Restes d’arbres élagués dans le fond du jardin.
Il est trop tôt encore pour y mettre du bois
Plus ou moins odorant : prunier, figuier, laurier
Ou encore l’olivier, et puis de grosses bûches.
J’attends des jours plus courts,bourrasques de Novembre
Pour craquer l’allumette. Et peu de temps après
Crépitements, jeux d’ombres et lumières mouvantes
Égaieront la maison. Près de la cheminée,
Une pensée pour toi – quiétude partagée…
AU POULPE...
Au poulpe écartelé,
La douleur octuplée,
Deux cents valvules déployées,
- Sensibilité crucifiée ?
Sous les fourches caudines de la mort
Passe la vie.
Le poulpe épanoui
Ses huit pétales déployés
S’interroge-t-il aussi ?
TOUT BLEU
Moog nous propose de voir la vie en bleu... mais sans le dire, en aucune langue, et en 300 signes! J'en suis verte! Je n'ai pas compté...
Quand j’ai mélancolie
Quand j’ai du vague à l’âme
J’écoute un bon saxophoniste.
Quand le froid est très vif
Quand mon sang se retire
Je bois du thé dans un vieux Delft.
Quand je rêve du haut Nil,
Quand la Mer Rouge m’inspire,
Je n’en oublie pas les requins.
Quand j’ai mélancolie,
Quand j’ai du vague à l’âme
Je rêve du ciel et de la mer.
Quand j’ai mélancolie,
Quand j’ai la vie en pleurs,
J'ai les larmes lapis-lazuli…
évocation de la note bleue, de la faïence de Delft, des requins peau-bleue, du Nil bleu, du froid qui bleuit les lèvres et les doigts, de tous les bleus du ciel, de la mer, de la terre…
RIMES IMPOSEES
Ces rimes étaient imposées : chanson-gazon, fraises-treize, Champollion-camion, Gisèle-gazelle, bécasse-tracasse, miroir-tiroir, gang-boomerang, à utiliser librement.
(chez « les papous dans la tête »)
Oyez, oyez, cette chanson,
L’histoire de la pauvre Gisèle
Qui croyait aimer un maçon,
- C’était un chasseur de gazelles.
Elle était cueilleuse de fraises,
Il jouait du rugby à treize.
Il se prenait pour Champollion,
Elle aurait voulu un camion.
Un jour la traita de bécasse –
« Regarde-toi dans un miroir ! »
Faudrait pas que ça vous tracasse,
Mais elle sortit de son tiroir
Un os, un fémur de gazelle
Profilé comme un boomerang.
Lui lança à la tête, Gisèle,
Et elle décapita un gang !
Oyez, oyez, cette chanson,
L’histoire de la pauvre Gisèle
Qui croyait aimer un maçon,
C’était un gangster infidèle.
AUPRES DE MON ARBRE
Moog nous propose ce thème: "Auprès de mon arbre"
J’ai déjà parlé du figuier
Auprès duquel
Mieux vaut ne pas longtemps rester.
Je préfère ce baobab
Plutôt bonzaï
Qui pousse dans un pot (à barbe ?)
Celui-là peut, là où j’irai,
M’accompagner.
Mes chers amis, quand je mourrai,
Mettez le pot du baobab
Au cénotaphe
D’une improbable Nounedeb.
SEPTEMBRE 1
Dans le bleu du ciel si léger,
Comme moroses pensées
Petits nuages: évaporés.
C'EST DIFFICILE...
C’est difficile d’être un mirage.
On vous prend pour une montgolfière,
Vous êtes bulle de savon.