PIERRE A COQUILLES
Ici nul gypaète barbu lanceur d’os.
Mais grive ou merle,
Briseurs de coquilles.
ZEUGME 1
Zeugmes ?
L’éveilleur de mots tapi
Et cependant rétribué
Au coin de la toile
Guette
Comme attrapeur de rêves
Traducteur binaire
Il pourchasse l’incertain
Ou les bosons de Higgs
Pour que nous osions
Cliquer dans la lumière
Où quelque plume desséchée
Mais taillée en biseau
Souffle du sens
Belle bulle bouffante
Où miroitent les maux.
Mes zeugmes me font mal
A en perdre mon flegme
Et mon latin
En sanscrit
J’y poserais trois notes.
FEVRIER 2012 5
Ronflent les fleurs d’amandier.
Abeilles musiciennes
Pour musique à miel.
FEVRIER 2012 4
Le soir suivant la Lune
Avait dans son sillage
Jupiter et Vénus éperdus.
FEVRIER 2012 3
Quel hommage à la terre
De ces jonquilles,
Courbées par le gel ?
PEUR
Ne suis pas arbre.
Pas de racines.
Suis pas oiseau.
N’ai de bec.
Suis vivante.
Comme un arbre, respire.
Veux être oiseau peur de voler.
Peur.
Peur.
Peur.
Pouvoir d’un trait
De plume
Biffer la cage
Biffer la toile de radicelles
Qui m’emprisonnent.
Suis vivante.
Peur.
CLIN D'OEIL
La lune souriante
Faisait clin d’œil
Hier, avec Jupiter.
A UN GRAND...
Le grand roi de toutes les Saxes
Ne veut pas que l’on l’égratigne.
La blessure la plus bénigne,
Et le voilà qui passe un fax
Au rebouteux le plus insigne.
-A la fin de l’envoi, je signe.
Le grand roi de toutes les Saxes
N’aime pas les tumeurs bénignes.
A la moindre plaie il s’indigne,
Il la triture et la malaxe
Jusqu’à la rendre très maligne.
-A la fin de l’envoi, je signe.
Le grand roi de toutes les Saxes
De son écriture curviligne
A la poésie il assigne
Et la grammaire, et la syntaxe.
Ses sujets s’en fichent comme d’une guigne.
-A la fin de l’envoi, je signe.
Le grand roi de toutes les Saxes
Quand il est mécontent, trépigne.
A notre vindicte il désigne
Un coupable, puis le relaxe.
Pour le pauvre homme s’est la guigne.
-A la fin de l’envoi, je signe.
Le grand roi de toutes les Saxes
Veut boire. Ce grand longiligne
Exagère, et c’est dans les vignes
Du Seigneur, qu’ivre, il se relaxe.
Ah ! C’est le dernier interligne :
Racbouni a dit la consigne.
Je l’ai fait, c’est l’envoi, je signe.
Nounedaxe.
UNE FABLE POUR LENAÏG, QUI A DEMANDE UNE CHANSON...
Lenaïg, ayant gribouillé tout l’été
Se trouva sans un bonnet
Quand la neige fut tombée.
Pas un seul petit chapeau
Pour couvrir son ciboulot.
Elle tapa sur sa machine
L’adresse de Tricôtine,
La priant de crocheter
Quelque écharpe, pour se chauffer
Avant la saison nouvelle.
Je t’enverrai, lui dit-elle,
En retour, des chocolats
Au lait, noirs ou pas.
Tricôtine est une rêveuse.
En tout elle est généreuse.
Qu’écrivais-tu, aux temps chauds
Quand je cousais des paletots?
-De Rahar, les aventures ;
Tu les as lues sur mon blog.
-Je me mets à la couture.
En attendant, prends donc un grog !
LES ARBRES TENDENT...
Les arbres tendent vers le ciel
Des doigts gelés et tordus
Où paraissent des boursoufflures.
Hier, elles étaient les noirs stigmates de l’hiver.
Aujourd’hui au soleil, elles sont tension,
Elles sont désir.
Désirs d’arbres
Éveillés par la sève qui monte.
Membres muets clamant leur manque,
Aspirant la semence solaire.