FEVRIER 2011 6
La saturation olfactive
Des fleurs de l’oranger
M’incite à promenade.
Les premières cigognes ont trouvé le vieux nid,
Un mimosa obèse diffuse son parfum -
Généreuse oblation.
Descendue à Cadet, rituel de marée basse,
Des bernaches cancanent, en bande, au bord de l’eau.
J’ai palpé sur la roche des traces minérales
Contant les ères géologiques :
De rugueux hiéroglyphes annonçant le printemps ?
QUIETUDE
J'étais en panne. Je me suis souvenue de "L'éthéré", paru chez La Nonyme, cela m'a rappelé un vieux texte décrivant la cuisine. Changeons de pièce...
Des bois flottés éparpillés,
Et trois touffes de plantes vertes.
Trois fauteuils de rotin
Trois tabourets à traire
- Sont sur trois pattes,
Ainsi se tresse ma quiétude?
Un canapé bleu délavé accueillant ma sieste d’hiver
Et un petit fauteuil en cuir.
Pas de lampe au plafond
Mais pleins de lunes grosses ou petites.
Aux murs, peintures amies. Sculpture,
Epurée comme un Brancusi.
Une toute petite fleur
Vient d’éclore sur l’oranger.
Ma quiétude s’est faite parfum.
TOT LE MATIN
Surprise? Je ne sais, mais je hume chaque matin l'humeur gourmande de mon voisin:
Le ronron, je le fais, quand je vais, tôt matin
Chercher le journal - au cheval du voisin.
Il me répond en broucrougnant,
Sachant que je vais lui lancer un croûton bien croquant.
FEVRIER 2011 5
A la deuxième pansélène
Du côté du levant,
La petite Vénus clignait de l’œil
Face au coucher de Lune.
A la deuxième pansélène
Vénus,
Au réveil des oiseaux.
MATIN
Sous sa paupière de nuages
L’œil du soleil s’est entr’ouvert
Fendu d’orange mêlé de rose.
MEDITATION 6
Après le temps posé de la méditation,
A l’âme cœur
Une fontaine de joie tranquille.
NARBONNE
Incantations muettes
à deux choucas bavards ?
Platanes implorants.
UN METIER...
ABC propose d'imaginer "UN MÉTIER À VOS MESURES"
« Promeneuse d’oiseaux ». J’aurais bien aimé, Mais Didier Decoin l’a déjà inventé, dans son beau roman qui porte ce nom.
Alors, voyons, « Humeuse d’humeurs ».
Il faudrait marcher, de par les villes,
Avec des chaussures légères pour avoir l’impression de flotter.
Le nez un peu en l’air, narines sur le qui-vive,
Les yeux un peu plissés pour regarder les gens sans en avoir trop l’air,
Et sentir les humeurs.
S’ils sont moroses, leur faire un beau sourire.
De toutes ses dents, dentier ou pas.
S’ils sont contents, danser un peu en les laissant passer,
S’effacer, rien à retoucher.
Le soir venu, dans la pénombre,
Faire un petit ronron discret
Chaque fois que quelqu’un est croisé.
-Si vous êtes souvent enrhumé,
Choisissez un autre métier.
SOURIRE
Qu'ABC me pardonne pour ce SOURIRE de fiction...
Dans l’eau du verre, mon dentier rit.
Si je souris, ma bouche avale
Mes lèvres sèches.
Ah ! Que ne puis-je encor sourire
Comme un nourrisson
Qui montre des gencives nues :
Alors tous nous sourions.
FEVRIER 2011 4
Au crépuscule, ciel gris,
Brume traînant au sol;
Entre-deux rose.