VOISINAGE...
Dan avec ses sandwichs
Me fournit l’image
De mon voisinage.
A gauche le plat dessous du pain
Trompeuse immensité placide
Avec engrais et pesticides.
A droite la croûte.
Ses bosses et ses creux, méplats et reliefs hérissés.
Ca croque, c’est croustillant.
Parfois du monde, parfois pas.
Parfois comme un campement, caravanes, chats et chiens.
Des petits, grands et vieux. De l’accent, de la voix, de la vie.
C’est chaleureux, un peu envahissant. Puis plus rien.
Ca me rappelle à l'ordre. C’est bien.
La vie, c'est varié, c'est mouvant, c'est surprenant.
Au milieu du sandwich, un fin jambon sans gras.
C’est mon jardin.
Chez moi, il faut tout mordre à la fois.
DANS LA RUE
L’homme à l’orgue de Barbarie
Surveille les passants,
Œil de la rue.
L’homme à l’orgue de Barbarie
Est parti à ma vue
D’un grand rire fracassant.
JUIN 7
La discrète couleuvre
Qui me visitait,
Je ne l’avais pas vue depuis longtemps.
Elle a laissé un signe :
Lambeaux de sa mue
Pour un jeu de piste.
RONDEAU POUR UN WEEKEND A PARIS
Pour la communauté : « Les Croqueurs de Mots »
A la barre du n°58 M'annette
Assises sur le pas de la porte,
Françoise questionne Marie:
-Alors, ce week-end à Paris,
Ca s'est bien passé?
A Paris suis allée, rue de la Butte aux Cailles
Pensais trouver des œufs, entendre des sonnailles,
N’en ai rien vu, Françoise, que bruyante marmaille.
Courant dans tous les coins comme de la volaille.
Rue de la Butte aux Cailles, il n’y avait pas d’œufs.
Ce n’est pas la campagne. A Paris pas de bœufs.
Mais là sur le trottoir, il y a des malheureux,
Et sur les murs des tags, pochoirs talentueux.
A Paris suis allée. Rêvé de Butte aux Cailles :
Un vol d’oiseaux s’égaye, cris dans le ciel brumeux.
Sur un toit, bien planté, un drôle d'épouvantail
Qui les regarde, sourire en coin, silencieux.
J’ai marché en rêvant, rue de la Butte aux Cailles.
Sourire aux lèvres, j’ai croisé des passants heureux.
Je t'emmènerai, Françoise, rue de la Butte aux Cailles.
JUIN 6
Moissons. A grands bruits,
Odeurs. Blés mûrs et poudre.
Festin des tourterelles.
ORGUE DE BOIS.
Oeuvre du sculpteur Denis Tricot
Comme un animal léger,
Immatériel – rêvé –
Souple, sans corps, sans pattes ni bras,
Une épure, un animal marin
Mais à l’air.
Il bouge, il est vivant,
Il ronfle et grogne,
Des sons sortent de ses non-tripes,
De ses courbes aérées.
Cri rauque de walkyrie éthérée.
D'UNE SCULPTURE...
Oeuvre qui m'a conté son histoire, du sculpteur Bruno Catalano,
Il a rêvé.
Il a fixé son rêve dans sa tête.
Il a mis frusques et rêve dans un sac.
Il a pris son sac en main.
De toute sa volonté
Il dit à ses jambes : Allez !
Il est parti.
La peur au ventre.
(j'espère que vous en aurez la photo avec le lien, je
n'ai pas pu la copier)
SUR LA GREVE
texte ancien retrouvé.
Sur la grève de la nuit
La lune claire, lunule unique ;
Dans les remous de ma bouche roulent
Des galets de mots qui sortent, polis, râpeux,
Brillants ou plats.
Sous la grève de la nuit
Hallali des mots non lus.
JUIN 5
Chat passé.
Lézards équeutés.
D'UN ECOSSAIS A SA BIGOUDEN
Pour le 16 Juin, d'un écossais à sa bigouden:
Si vous voulez, my bigouden,
Plutôt que d’aller voir Big Ben
Nous irons chez moi en Ecosse
A pied, à chameau, à vieille rosse.
Je mettrai un kilt en dentelle
Et vous aurez, ma toute belle,
La coiffe en tissu écossais.
Là-bas très haut je lancerai
Un chameau, sur la place publique,
Au concours de force celtique.
Oh, oui, my bigouden,
Plutôt que d’aller voir Big Ben.