CHEMIN DES SALINES
Aller-
Buissons exangues aux lichens obligés
Stigmates bruns, lugubres, après raz de marée.
Os du marais crucifiés par le sel.
Traces de lapins: leurs chevrotines noires
Près de douilles laissées par des chasseurs.
Sur la boue craquelée du chemin
Les feuilles en rosette de géraniums nains.
Retour-
La lumière a changé et mon regard?
Sur les épines noires, partout
Des boutons pointent leurs museaux blancs.
Appels des mésanges en couples.
Et soudain, dans cet hiver encore,
Un petit saule trapu en chatons.
ENTERREMENT
Brunô nous convie cette fois à célébrer l'arrivée du printemps par un enterrement de première classe: Novembre en
Mars?
A l'enterrement d'mes illusions
Souvent je suis allée,
Car toujours, et à profusion,
Elles ont repoussé.
QUATRAIN
JEU D' ECRITURE PROPOSE PAR " JANUS ", et vu chez DOMINIQUE. Règle : composez un quatrain (strophe de quatre vers)
d'octosyllabes (vers de huit pieds) sur deux rimes croisées (abab) alternant rime féminine et rime…
Le carnaval battait son plein
Mais Pierrot cherchait Colombine -
Aurait-il pu rester serein
Sans cette lucarne assassine?
QUEL BAZAR
Qui fout l'bazar
Parmi les quasars?
Une étoile naine en blazer?
Une super nova mal rasée?
Un raz de là-bas?
CESURE
Je suis cigale et fourmi,
Que la césure est imprécise !
Comme une balle de ping-pong,
Je vais de ruptures en rebonds,
Et s’il y a une brisure
Cela permet une ouverture
Où se glisse comme par malice
Un imprévu, comme un pompon
Qu’il faudrait attraper bien vite
Afin que le poème existe.
A TRICOTINE
Si tu avais un lance bouline,
Tu pourrais tourner ton grelin
Autour du moulin.
Comme un deuxième Tricotin?
Nounedeb. 45°34,4' N - 0°55,79' W. Altitude: 15m.
ON SERAIT
On se fondrait dans la nature
On se liquéfierait sous la pluie
On s’évaporerait au soleil
On flotterait dans le vent
On frissonnerait dans le froid
On s’assoupirait dans la brume –
On serait mort déjà ?
DANY CHAIGNE
Brunô nous propose une sympathique contribution au "Printemps des poètes". Couleur femme. Voici un slam
écrit par une amie poète, Dany Chaigne, dont je vais lire quelques textes le 27 Mars à la bibliothèque de St.Georges de Didonne, avec la complicité d'un guitariste de
jazz.
J’ai la mémoire qui flanche
J’me souviens plus très bien
avoir appris en maternelle
l’incontournable ritournelle :
Apprendre à faire AVEC
pour se préparer à faire SANS
Par exemple mes oreilles :
c’est de moins en moins…
Elles se font vieilles !
Pas grave, je fais répéter
Jusqu’à ce que mes voisins, fatigués,
un jour, sans ménagement me disent :
Va t’faire appareiller !
Pas grave,
j’avais appris à compenser avec les yeux.
Zut !
Pas d’chance, ils se font vieux…
Il leur faut des lunettes :
pas pratique quand il pleut !
Mais il faut faire AVEC…
Alors sans les mirettes,
sans les oreilles à sec
comment faire ?
Faut-il attendre Zorro
avec le moral à Zéro ?
Je vois, j’entends, mais autrement
Avec le cœur peut-être…
En attendant de faire SANS !
SOUVENIRS
Les pas s’effacent sur le sable
Et si les amours sont bien mortes
Elles ont laissé comme un parfum.
Et si les amours sont bien mortes
Elles ont fait place dans le cœur
A des courants fluides et clairs
Qui passent, sans qu’on y prenne garde,
Nous effleurent, fragiles humeurs,
Effluves qui ne s’effacent pas.
DANS MON COEUR
Dans ce monde sourd quel cri s’élève ?
Dans ce monde gourd la nuit s’achève
Dans ce monde lourd la vie – on crève.
Dans mon cœur lourd les pleurs s’apaisent,
Dans mon cœur gourd luit une braise,
Dans mon cœur sourd, un chant apaise.