ANTONIN ARTAUD
Envie de soleil, thème proposé par Francine. Je le décline en sombre, avec
Antonin Artaud:
TUTUGURI (extrait)
Fait à la gloire externe du soleil, Tutuguri est un rite noir.
Le rite de la nuit noire et de la mort éternelle du soleil. Non, le soleil ne reviendra plus
et les six croix du cercle à traverser par l'astre ne sont là en réalité que pour lui barrer le chemin.
Car on ne sait pas assez, on ne sait pas du tout ici en Europe combien la croix est un signe noir,
On ne sait pas assez la "puissance salivaire de la croix", et combien la croix est une éjection de salive mise sur les mots de la pensée.
Au Mexique la croix et le soleil vont de pair, et le soleil sautant est cette phrase tournante qui met six temps pour parvenir au jour,
la croix est un signe abject et qu'il faut que la matière brûle,
pourquoi abject,
parceque la langue qui en salive le signe est abjecte, et pourquoi en salive-t-elle le signe?
Pour l'oindre.
Il n'y a pas de signe saint ou sacré s'il n'est pas oint. Or la langue au moment de l'oindre n'est-elle pas elle-même en pointe?
Ne se place-t-elle pas entre les quatre points cardinaux?
Il faut donc que le soleil apparaissant saute les six points de la phrase
abjecte à sauver, dont il fera une espèce de translation sur le plan foudre
Tiré de "Les poètes et l'univers" de Jean-Pierre Luminet au Cherche
midi
UN JOUR LE PÔLE...
Un jour le pôle magnétique s'inversera
Et la terre basculera
Cul par-dessus tête
Les arbres pousseront à plat
Les rivières couleront tout droit
A la jointure du ciel et de la terre
Le livre se refermera.
MARAIS...
Du haut de mes yeux
Qui culminent à un mètre soixante,
Je vois bien que la terre est plate,
Plate comme un fond de tarte,
Bordée par des coteaux.
Elle est plate et tout le ciel dessus
Zébré par des oiseaux.
J'y suis posée au milieu, bien droite,
Bougie pour quel premier anniversaire?
PARTICULE
Je suis ici et je suis là
Je suis ici et n'y suis pas
Juste particule de vie
Et singularité.
QUE PLONGEONS...
pour Mil et Une.
Que plongeons nous dans l'eau?
Nos branches assoiffées?
Des cheveux figés de noyées?
De longues pattes d'araignées?
Reflet, mon beau reflet
Que dis-tu de mon image inversée?
LE VENT...
Le vent prend son élan,
Il descend des coteaux
Et s'ouvre en éventail dans la baie
Chiffonnant l'eau
En ondes crêpelées excentriques.
FEVRIER 2013. 5
Le froid sec et brutal vibre comme du bronze
Sèche haleine glacée qui flagelle;
Le vent coupe le souffle.
Frondaisons sidérées, leur élan retenu-
Les jonquilles cueillies exhalent un fort parfum,
Comme un halo qui les protège.
JEUX DE SOCIETE. HAÏKUS DE COUCOU
Pour le Coucou du haïku chez
Marie-Alice : http://afdj.over-blog.com
Liliane : Http://reveries.over-blog.net
Thème proposé par
Eliane:
Ardeur dans le jeu
Monopoly, Trivial poursuit
mais chacun pour soi!
Plaisir d'être ensemble
jouer, battre ses copains-
il fait déjà nuit!
LES MAISONS
Chez Miletune, une reproduction d'une oeuvre de Soutine est proposée à notre inspiration.
J'ai trouvé une reproduction assez proche pour illustrer mon poème.
Tout se brouille dans ma tête
Est-ce que j'ai trop bu
Ou bien un tremblement de terre-
Une tempête secoue mon pinceau
Ces maisons crient et s'entrechoquent
J'ai mal, j'ai mal aux cœurs qui sont dedans
Qui se déchirent infiniment…
DEFI 95 Rab.
Voici le défi que nous proposait Lenaïg
Un texte-sandwich ! Deux citations extraites d'un roman pour imaginer une histoire entre les deux. J'ai tant aimé ces phrases que j'ai écrit un deuxième texte.
"[...] La nuit avait des yeux, le vent de longues oreilles et nul jamais ne se rassasiait d'autrui."
:"[...] - Tout dépend du vent, il y en a qui vous font tomber, et d'autres qui raffermissent vos attaches et vous fortifient."
La nuit avait des yeux, le vent de longues oreilles et nul jamais ne se rassasiait d'autrui. Étendu sur la plage, on écoutait les vagues croquer la mer et on faisait couler le sable sur sa peau, jusqu'à ce que la lune assoiffée de diamants ait gobé les étoiles. Alors on se levait. Dans un lent tournoiement on se laissait aller au frisson de la transe exaltée par les vents. La tête renversée et les bras grands ouverts, ne sachant plus alors si on allait voler ou s'écrouler, car tout dépend du vent, il y en a qui font tomber, et d'autres qui raffermissent vos attaches et vous fortifient.
La nuit avait des yeux
Le vent de longues oreilles
Et nul jamais ne se rassasiait d'autrui.
Le ciel aux longs cheveux
Buvait les étoiles vermeilles
Et nul jamais ne se rassasiait d'autrui.
Car tout dépend du vent.
La flûte de la mer qui joue de temps en temps
Les longues laminaires que la houle fait valser
Avec la ronde lente des grandes galaxies.
Et nul jamais ne se rassasiera d'autrui
Car tout dépend des vents:
Il y en aura toujours qui vous feront tomber
D'autres qui raffermiront vos attaches et vous fortifiront…
Que tu me pardonnes, Lenaïg, et à travers toi l'auteur: j'ai modifié un peu la fin...pour les besoins du poème...