meteoriques
OCTOBRE 5
Le soleil du matin déjà fort
Éclaire la lune haute encore.
Elle a l’air d’une cage en dentelle
Cherchant à retenir le ciel.
On ne la verra plus bientôt.
N'y est venu aucun oiseau.
DIXIEME PANSELENE
Dixième pansélène.
Le ciel, un gris bleuté qui tire vers le rose,
Encore doré à l’ouest : le crépuscule.
Elle est là, dans sa majesté ronde.
On ne peut l’ignorer.
Elle est là, Lune, souverainement belle.
Elle fait presque peur tant elle a de présence.
OCTOBRE 4
Biens droits, peupliers nus -
Toutes leurs feuilles ont chu -
De ce seul parfum vêtus.
OCTOBRE 2
A Brunô, à qui je souhaite une bonne fête, et qui je l'espère nous régalera encore de ses textes.
Elles tombent, toutes desséchées,
D'un bruit de papier froissé.
Privées par l'été
Des couleurs d'automne, dorées.
OCTOBRE 1
Des lanières de brume ondulaient à hauteur de phares comme rubans de gymnastes. Posée sur le chemin, la chouette d’Athéna m’a fixée, m’intimant l’ordre muet de m’arrêter. Alors elle a raffermi sa prise, une petite proie, et disparu d’un vol ample et silencieux.
Regard prégnant de chouette
Où flottent des rubans de brume
Pour un envol vers l’au-delà.
RONDEAU POUR OCTOBRE
En Octobre, je voudrais faire rimer cinabre
Avec ambre, avec ocres ; avec des saveurs denses.
Une envie de marcher dans la forêt. Les arbres
Me sont frères. De l’humus monte un parfum : naissances.
Octobre, je voudrais faire rimer de l’ambre
Avec le grain des glands, avec les bogues rousses.
L’écorce est rêche sous mes doigts, ou douce. Mais l’ombre,
Protectrice, inquiétante : le plaisir et la frousse.
Octobre, hélas, tu rimes avec rimmel qui coule,
Parce qu’il a plu, parce que je pleure chaque jour.
Tes grands vents ont soufflé la mèche de l’amour.
Elle fume encore chaque matin de brume. La houle
Dans les houppiers détache une par une des feuilles.
On dirait le duvet de grands oiseaux nocturnes.
Octobre, j’ai envie de chausser des cothurnes,
Me parer de grelots, Polichinelle fille,
Et faire la folle, Octobre, une dernière fois
Avant qu’emmitouflée au coin du feu, je veille
En me brûlant les doigts aux marrons que l’on grille.
REGARD DE SEPTEMBRE
Une falaise ocre creusée d’ombres.
Au dessus, des pins, parasol et maritimes.
Des chênes verts.
Au pli avec la plage de grands platanes.
A peine roux.
Il n’y a pas d’oiseaux de mer,
Des enfants piaillent.
Une petite vague brise élégamment
Laissant quelques remous.
Sable et mica.
SEPTEMBRE 1
Dans le bleu du ciel si léger,
Comme moroses pensées
Petits nuages: évaporés.
NEUVIEME PANSELENE
A la minuit
Je suis sortie
Pour te voir,
Dans le noir.
Pas de tournelunes
Poussées à la brune.
Tu gobais de petits nuages,
Meringues sauvages.
RONDEAU POUR SEPTEMBRE
Je n’ai pas d’arbre aux mille écus
Qui donne, Septembre venu,
De quoi mettre dans mes sabots
Quel imaginaire magot ?
Je n’ai pas d’arbre aux mille écus
Mais un beau figuier bien couillu
Dont il faut tâter, ô Septembre
Les bourses gonflées sans encombre
Pour en cueillir les plus charnues.
J’ai un beau figuier bien couillu
Sous lequel, Septembre venu,
Il ne faut pas se mettre à l’ombre.
Ne pas rester là, sous cet arbre,
Car des testicules flaccides
En tombent, comme pluies acides.
C’est scabreux, Septembre venu,
D’approcher le figuier couillu.