atelier d' ecriture
DEFI 80: QUELQUE PART UN BLOG PAS COMME LES AUTRES...
Ce blog existe, chère Enriqueta, et je l'ai rencontré ici. Grâce à lui, j'ai écrit ce texte, bien obligée de jongler avec beaucoup d'éléments aléatoires.
"Imploration de la mouche ou le dernier haïku."
Lorsque je repris conscience, le spectacle commençait. La musique me parvenait comme un lointain écho. Je distinguais à travers l’étroite fenêtre, percée dans la muraille, trois acteurs dont un roi agenouillé, armé d’un poignard, menaçant un aède qui refusait de lui révéler les pas de la Danse sacrée de la Connaissance. Et de lui révéler le Chant. Celui du coquillage ouvert comme une blessure, celui de l’oiseau envolé dans les nues, et le contre-chant du grillon embarqué au creux des navires.
Ce chant aurait dû replacer la Lune dans le ciel, Lune que le roi avait dérobée pour l’accrocher à l’encolure de son cheval.
Le décor invitait à l’évasion. Je me souvins qu’en rentrant, hier, chez moi, j’étais passée devant une vitrine d’antiquaire. Une petite photo d’une lithographie de Daumier y était exposée. Je pensai que Nadar était peut-être en train de photographier les dernières fleurs d’automne avant la plongée dans la profondeur de la nuit hivernale.
Après la vitrine, une trouée dans une vieille maçonnerie de briques laissait entrevoir les ruines d’une fabrique d’instruments de musique japonais, qui avait brûlé récemment. Les pompiers étaient encore sur place, essayant de sauver le travail du compositeur Iro Miyoko, un opéra nommé « Imploration de la mouche ou le dernier haïku ».
Quel rapport pouvait-il y avoir entre le spectacle que je regardais frauduleusement en ce moment, et la destruction d’une œuvre d’art japonaise ? Hiroshima, le tsunami, la menace nucléaire? Je sentais là, intuitivement, un lien. Et j’étais sûre qu’il n’y aurait jamais de dernier haïku.
POEME DU JEUDI AUX CRAYONS DE COULEUR
[Je republie ce texte, avec photo, pour que l'on ne se méprenne pas sur mes talents...]
Chère Tricôtine, j'aime sortir du cadre. Aussi il ne sera pas question de crayons, mais, ne m'en veux pas, de craies..
J’aime dessiner sur le sol,
Aux craies de couleur
Un motif, à ma porte.
Une rosace.
Quel archétype me traverse ?
Quel premier homme a pris un caillou de calcaire
Pour tracer en tremblant, poussé par sa nécessité d’artiste,
Le soleil, une fleur ou l’iris d’un œil ?
Structure centrée et ouverte,
Poussée à son extrême en mandalas.
Tournoiements spiralés partout dans l’univers ;
Spirale de la vie, qui monte, s’amenuisant.
La mort serait un beau point d’orgue.
NAISSANCE DU PRINTEMPS
Sur une idée de Suzâme.
Le printemps de Botticelli
Descend de son coquillage
Acclamé par les violons de Vivaldi.
POESIE DU JEUDI: PANTOUM
J’ai découvert récemment la forme poétique dite « pantoum », d'origine malaise. J’avais envie de m’y essayer. J’avais d’autre part aimé la nouvelle "Pierre Noire" du poète mongol Dashdorjiin Natsagdorj (1906-1937), présentée chez Poésie et Racbouni
J'ai imaginé, pour Mémette
Nina, les nuits d'été sont courtes.
Je voudrais sortir de l'oubli
Nos retrouvailles sous la yourte,
A l'âge où l'on est sans souci.
Je voudrais sortir de l'oubli
Nos baisers à l'ombre d'un orme,
A l'âge où l'on est sans souci.
Ne plus te voir verser de larmes.
Nos baisers à l'ombre d'un orme
J'y pense, étendu sur mon lit.
Ne plus te voir verser de larmes,
Nina, ne plus voir ton dépit.
J'y pense, étendu sur mon lit.
"Aya", ce mot me vient en rêve.
Nina, ne plus voir ton dépit:
Soudain, il faut que je me lève!
"Aya", ce mot me vient en rêve;
J'irai sur mon cheval rétif.
Soudain il faut que je me lève
Pour un départ définitif.
J'irai, sur mon cheval rétif,
J'irai jusqu'à la Pierre Noire
Pour un départ définitif,
Pour un voyage expiatoire.
J'irai jusqu'à la Pierre Noire,
J'irai, mon coeur s'est adouci;
Pour un voyage expiatoire,
A l'âge où l'on est sans souci.
IL ETAIT UNE FOIS...
Commencez par "il était une fois", a demandé Mémette, en suggérant d'entremêler les contes. J'ai fait une petite tresse:
Il était une fois un petit chaperon rouge qui, ayant croqué la pomme des Hespérides que lui avait donné le grand méchant loup, s’endormit pour cent ans. Au bout de ce rêve, un nain grincheux la découvrit et l’éveilla en la secouant bien fort.
Ils ne se marièrent pas, et n’auraient pas eu d'enfant si le chaperon rouge n'avait croqué la pomme. Elle en eut donc un petit, qui naquit dans une citrouille, et qu’elle appela Poucet.
JEUX PAPOUS: RIMES OBLIGEES
Cette fois là, telle était la contrainte:
Vous choisissez l'ordre, et le style (rimes suivies, rimes enlacées), avec les rimes suivantes:
- brebis - rubis
- crèche - brèche
- comtesse - faiblesse
- mufle - buffle
- m'aime - quand même
- tambour - sourd
- couteau - coteau
- vagabonde - blonde
- minuscule - pellicule
- orfèvre - Sèvres
Il aimait bien jouer du tambour
Tout en surveillant ses brebis,
Tantôt sur les bords de la Sèvre
Niortaise, tantôt sur les coteaux.
La nuit les menait à la crèche
- Penser à colmater la brèche.
Dans sa poche avait un couteau:
Il était devenu orfèvre,
Sculptant du bois comme rubis.
Le tambour l'avait rendu sourd.
Dans sa jeunesse vagabonde
Avait rencontré une comtesse
Qui avait des pieds minuscules,
Et s'était dit: pourvu qu'elle m'aime!
Mais il s'était conduit en mufle:
Il imitait le cri du buffle
(Elle était sauvage, mais quand même!)
Tout en brossant ses pellicules,
Car il avait quelques faiblesses:
Il aimait trop la bière blonde.
JEUX PAPOUS AVEC 10 AUTRES MOTS
A la "terza rima", (grâce à Catheau qui me l'a fait connaître) avec: bourlinguer, barman, billevesées, bouée, billard, boomerang, bougainvillée, brindille, bouchon, batifoler:
(vous pouvez jouer aussi, soit sur le site "Des papous dans la tête" comme je le fais avant de publier ici, soit sur vos blogs.
L’avait tant bourlingué que plus un poil de sec.
Pour parer les tempêtes l’avait ceint sa bouée,
Agrippé à l’archet pour jouer du rebec.
Dans des mondes flottants, fraîches bougainvillées
Répandues, à la brune, sur de sombres billards,
Un barman éperdu par de blondes fessées
Taquine la brindille au malicieux regard.
A ses billevesées il oppose un sourire,
Comme un vol de boomerang toujours sur le départ,
Pendant qu’ Éva* ravie roule les R, ou pire,
Renvoyant le bouchon que Mikel a lancé
Si loin qu’il m’a ferrée et que je dois écrire.
Mon poème s’achève ; assez batifolé.
*Eva Almassy, écrivaine et membre émérite des
"Papous"
"UN LIVRE" pour le Jeudi de memette
Voici un livre, comme nous le suggère Mémette
J’aime sa couverture graphique,
Peu épais, il est bien en main.
Les caractères en Garamond.
« Encore et encore, on lui demande comment il s’appelle. »
J’ai commencé à lire. Je ne m’arrête plus.
C’est une histoire singulière,
C’est une histoire qui dit tout
D’un enfant perdu.
J’ai fini, j’ai la gorge serrée.
Une écriture sobre et belle.
Chez Zulma, de Hubert Haddad: Opium Poppy.
JEUX PAPOUS AVEC 10 MOTS IMPOSES
Dans "les Papous", ces mots étaient proposés: Balbutier, genou, digicode, bastringue, Picasso, martingale, cahin-caha, bougonner, arpège, zeugme.
Cahin-caha, ils sortirent du bastringue, firent trois tours du quartier avant de reconnaître l’entrée de leur immeuble. C’est devant le digicode que commença la dispute. Évidemment ils avaient oublié le code. En bougonnant, Martin, le musicien, essayait de convertir "arpège" en une série de chiffres, tandis que Gale, le poète, balbutiait : "zeugme", je te dis que c’est "zeugme", et il égrenait 26, 5, 21, 7…Martin l’agrippa-t-alors, ils tombèrent à genoux, roulèrent au sol, bras et jambes emmêlés, on aurait dit un Picasso! Quand, épuisés et transis, la mémoire leur revint. Ils s’écrièrent alors ensemble, comme un seul homme : Martingale ! Et tapèrent 13, 1, 18,…
...Et un autre, en réponse à un certain Mikel:
Picasso, ayant bougonné
Tout l’été
Se trouva cahin-caha
Quand l’arthrose du genou
L’enflamma.
En plus de ce mauvais coup
Il ne pouvait plus rouler
Ni les R, ni les zeugmes :
Digicode vandalisé
De son intellect en phlegme.
Il alla chanter l’arpège,
La tête lourde et le pied lège
Chez le bastringue, son voisin,
Qui lui fila une mandale
En guise de martingale,
Et l’installa sur un coussin.
Vous balbutiez, Picasso?
Peignez donc maintenant. Au boulot !
POEME AVEC RIMES EN A ET ABLE
Ouvrir les branches du compas
S’évader du cercle coupable
Où les signes sont d’impalpables
Et énigmatiques agrégats.
Passer à travers les climats
Se perdre. Plus rien n’est stable.
Juste une main charitable-
Mais la douceur du sofa
Où Goya étend sa Maja.
L’art, quand plus rien de fiable.
Une douceur inconsolable
Se berce d’un alléluia.