PLI
Quel est ce pli au milieu, qui sépare,
Sépare le bon grain de l’ivraie ?
Ligne vraie, frontière absurde.
Fermer la page, replier les ailes.
Mur de clôture.
Franchir la ligne, écrire hors champ,
Sortir des sentiers battus, brouiller les signes.
Lignes de foi, ligne de vie.
LA PEAU
Où il devait être question de peau...
Ah ! Sentir sous ses doigts
La peau fragile du nouveau-né
Ou se blottir, que d’émois,
Contre la peau de l’être aimé.
On peut la pincer sans gémir
Pour y faire une piqûre
Ou en faire jaillir
Une écharde - peau dure !
De desquamations sèches
A la peau de requin,
Du toucher peau de pêche
A la peau de chagrin.
Ah ! Pouvoir faire peau neuve
Avant que par la peau du cou
L’Ankou me prenne : « Crève »
Ma vieille peau est au trou.
AOUT
Les hérons gardes-boeufs
Tiennent salon
Avec les vaches.
Génisses blanches
Génisses rousses
Gardes-boeufs au piquet.
Les gardes-boeufs se posent
Où les vaches reposent.
AUTRE OEUF
A l'Est
Soleil rond comme un jaune
A l'Ouest
Des cumulus castellanus
bourgeonnant comme blanc battu en neige.
Ferme.
PING PONG
Ping rager
Pong réagir
Ping rugir
Pong agir
Ping l'âge
Pong gésir
POEME ECOLOTRISTE
Si le battement d’ailes, ici, d’un papillon
Peut susciter, dit-on, une tornade au Japon,
Les pales majestueuses d’un gisement d’éoliennes
Envoient-elles des tempêtes aux îles aléoutiennes ?
Si les pompes à chaleur pulsent des calories,
Seront-elles responsables de tous ces incendies ?
Patience dans l’azur. Puisque l’eau va monter
Quand l’heure sera venue je voudrais qu’on m’emmerre.
ETRE UNE OEUVRE...
Vous êtes une Oeuvre
en cours d'[écriture].. de fabrication..
racontez à Tricotine vos états d'âmes
Elle m’a pris dans ses mains. M’a caressé sensuellement, petit bout, gros bout et aussitôt m’a heurté violemment – elle est sadique ou quoi ? Je me suis cassé. Alors elle m’a discriminé ! Blanc d’un côté, jaune de l’autre.
C’est quoi être œuf ?
Avec le jaune elle a pratiqué l’intégration : le métissage tous azimuts, ça marche.
Au contraire avec le blanc : elle le bichonne, le bat, le fait mousser – surtout pas de corps étranger.
Et puis vient le grand art dont pourrait s’inspirer le politique : elle incorpore la masse métissée du jaune avec le blanc de race pure. C’est délicat, ça se fait en douceur, en légèreté, elle aère le mélange. Et puis ce que je suis devenu est au four. Je est un autre. Je la vois qui lorgne à travers le hublot. Patiente ! N’ouvre pas trop vite la porte, comme une moderne outre des vents qui lâcherait trop vite la police sur le sans-papiers, patiente ! Tu vas tout faire rater.
C’est quoi être soufflé ?
MARCHER
Poème pour Tit’Anik
Marcher sur le fil de la vie
Entre raison et folie.
Suivre la voie du milieu
Est un chemin tortueux.
REVERIE
On entendrait le silence des oiseaux en pleurs,
Ca vrombirait dans la caverne,
On en aurait les ouïes flétries,
Un nuage masquerait le vent,
TRANSMUTATION
Olivier de Vaux nous propose de nous faire les dents sur la transmutation suivante : partez de l'AMOUR pour arriver à la FOLIE. Vous avez 3 jours pour rendre votre copie, je publierai vos transmutations vendredi vers 20 h 00. Comme d'habitude j'active le contrôle des commentaires, ne publiant avant cette échéance que ceux qui ne contiennent pas de transmutation.
J'ai failli, cher Olivier, jeter l'éponge, et, au dernier moment, dans l'urgence, m'est venue une piste. Je ne suis pas sûre d'avoir bien suivi la règle, et mes neurones ont chauffé dur:
Fêter l'amour
Ou les amours
S'étant vêtue de ses atours
Pour éblouir, faire trente-six tours
Et faire passer les petits fours
Eviter que ce soit un four.
Plus d'un fou
Y accorde foi
D'autres en font une crise de foie -
Bref, amour rime avec folie.