RONDEAU POUR LE MOIS DE DECEMBRE
Voici venu Décembre, mois de la déraison.
La nuit comme un trou noir où plonge la raison.
Une douceur trompeuse, versatile saison
De tempêtes ou de froids.
Quand vient ton tour, Décembre, on croit que c’est la fin,
Depuis la nuit des temps. On combat ce déclin
Du jour par des lumières, des bougies. Les sapins
Ont l’air enluminés.
Qu’avons-nous fait de toi, dernier des mois, Décembre ?
Consommer et jeter nous laisse un goût de cendres.
Pourquoi pas esquisser un sourire un peu tendre
Et l’offrir, simplement.
J’ai reçu ce cadeau d’une main qui effleure,
Un regard vif offert, furtif, un peu moqueur –
Étincelle à saisir pour réchauffer Décembre.
TOMBAIENT...
Tomberaient de l'arbre de la crémation
Des massepains glacés d'effroi
Qu'on réchaufferait dans ses mains
Pour les sûrir
D'un sourire
A siffler un clapotis de lune.
UNE PLUME D'UN OISEAU
L’oiseau en moi palpite
Il est trop à l’étroit
Il veut briser la cage
Oiseau des origines
Oiseau posé prêt à l'envol
Oiseau frappé du sceau
D’un ailleurs méconnu.
DOUZIEME PANSELENE
Dernière pansélène,
Haut dans la nuit, auréolée.
Me cueille ce matin, très basse,
D’un œil grand ouvert chaleureux et lucide
Sous sa paupière de nuages,
Avant de s’abîmer à l’ouest.
Avec l' Occident qui s’effondre.
LIGNE DE GRAINS
Ligne de grains
Chevelures dénouées
Chevauchées échevelées
Pluie pulvérisée
Harnachée aux chevaux du vent
Houppettes toupets clinquants
Flaques retroussent
Claques éclaboussent
Syncopes. Souffle coupé.
ESSAI POUR RENDRE HOMMAGE...
Essai pour rendre hommage à Rainer Maria Rilke à travers la gravure de Albrecht Dürer « Le chevalier la mort et le diable ».
Noir cavalier d’acier qui caracole
A senestre, traversant le monde
Bruissant : de veilles en vallées
Ennemis et amis, repas et repos
De Mai et de frais, grémil et Graal
Et Dieu lui-même, multiple sa
Présence en tous lieux.
Cependant, en la carapace du cavalier
En deçà de l’anneau maléfique
La mort tapie médite, et médite encore :
Quand la lame jaillira
Hors du faisceau,
La lame étrangère et libre,
Je sortirai de ma retraite
Je ferai ployer les jours
Pour infiniment m’étendre
Et jouer
Et chanter.