NOVEMBRE DANS L'ARCHIPEL
Il a bien fallu que j’arrache
Ces nombreux pieds de pommes de terre
Qui ont repoussé sans vergogne
Alors que s’approche l’hiver.
C’est qu’ils prennent la place des fèves,
Or il est temps de les semer.
Et bien j’ai récolté, surprise,
Accrochés au bout des racines
De petits tubercules blancs
Sans peau encore, de vrais bébé
Dans lesquels j’eus envie de mordre.
Je le ferai ce soir, sautés
A la poêle : un plaisir d’ogresse.
FRANCIS BLANCHE
Chère Lyly, j'ai failli oublier. La belle contribution de Lenaïg me sort de la léthargie où m'a plongée la pluie incessante, et je propose un poème de Francis Blanche, qui devance un peu la saison:
Dans les bois de l’hiver nos étés se promènent
Nous les suivons de loin au hasard des sentiers
Vêtus de souvenirs ils sont là tout entiers
peuplant de chants d’oiseaux les clairières de chênes
Il faut si peu de chose au bois qui s’effeuillait
pour faire un carnaval dans ses branches défaites
Un rayon de soleil fait éclater la fête
un carré de ciel bleu fait renaître juillet
Les figuiers de Bandol et les pins des Issambres
accrochent leurs parfums dans les taillis déserts
et les chants de l’été viennent mêler des airs
de farandole folle aux valses de décembre
NOVEMBRE 3
Les feuilles de figuier
Se bousculent en tombant,
Lourdes comme des ivrognes,
Grisées par leur chute même.
BRUITS DE BRUME
Qui donc ici
Scie
La brume
Comme une grume :
A la tronçonneuse.
A UN AMATEUR DE CHAISE
Des chaises artistement posées
Sur l’allée gravillonnée,
Dans le jardin du Luxembourg,
Découvertes au détour
De ma flânerie. Et j’imagine
Que Rouergat les dessine
En enfilade. Au fond des gens
Qui s’éloignent à pas lents.
NOVEMBRE 2
Dans la nuit
Sous la pluie
Cônes de lumière :
Deux réverbères.
Et puis la brume
Levée allume,
Les estompant,
Des ors mouvants..
NOVEMBRE 1
Qu’il fait doux ce matin. Les feuilles tombent à peine.
Tout est calme, posé. Les oiseaux se retiennent
De chanter : vols furtifs, appels presque étouffés.
Tétant le raisin sec des frelons réveillés
Cherchent en vain le dernier jus. Les étourneaux
Pillent les figues restées vertes, et près de l’eau
L’appel d’une grenouille rompt la tranquillité.
Il fait doux ce matin. Les oiseaux vont chanter.
SOUVENIR DE L'ETE
J'ai passé de si bons moments chez Tricôtine, cet été. La relation du périple lyonnais m'incite à livrer ces quelques photos en pâture aux gourmands "Croqueurs".
Cet été nous nous rencontrâmes,
Avec plaisir nous promenâmes.
Avec sympathie nous nous plûmes.
Je rentrais, voguant sur l'écume.
Que Tricôtine me pardonne:
J'ai compressé. Cela m'étonne
De maîtriser de quelques clics
Cet engin combien diabolique.
A L'AUTOMNE
Il y a à l’automne une douceur qui ploie.
Des couleurs qui flamboient
Puis dans des tons de brun s’éteignent ; ils s’assombrissent
En nuances intimistes.
Envie de chocolat, ou de café bien fort :
Douceur et réconfort.
CHOCOLAT
Voilà que Jill Bill nous embarque sur une barque qui risque de fondre. Tant qu'à boire la tasse, voici la recommandation du Dr Stéphani Blancardi, en 1705:
" le chocolat est non seulement agréable au palais, mais c'est encore un véritable baume pour la bouche, qui garde en bonne santé glandes et muqueuses. C'est pourquoi ceux qui en boivent ont une haleine si douce."
Pour ma part j'aime le boire et le croquer:
Le Noir, sa couleur sombre un peu brillante
De texture fine et un peu sèche,
Il fond lentement dans la bouche.
Je ne l’aime pas trop amer
Sauf s’il est pur, à l’eau, sans sucre,
Dégusté chaud et bien tassé.
Parfumé ? Je n’aime pas trop.
Je le préfère un peu salé
Ou mieux encore : au piment fort.